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Flashback | Indéfectible allégeance || Vicky
Lee Walton
Artificial child
Lee Walton
Double-comptes : Batman, Prudence Falcone, William Abberline
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Dim 29 Mar - 5:25

Indéfectible allégeanceLa mauvaise mère, la mère maladroite ou injuste, est pour l'enfant la plus tragique initiatrice.Je déteste l’extérieur. Non, je le hais. Tout y est détestable, horriblement inconnu et anxiogène. Comment faire la liste de toute les choses qui me déplaisent et me font regretter les rares sortie hors du Maze ? Mais faisons, tiens, cela rendra peut-être le temps moins long…

En premier lieu, je parlerai du ciel. Cette chose immense et grise, spirale infernale qui ne semble n’avoir que pour but de m’aspirer dans son immensité quand son bleu apparaît… Ne soyez pas idiot, bien sûr que je connais les principes de graviter mais la peur est irrationnelle, et se fiche bien des faits qu’on pourrait lui étaler au visage. Qu’importe ce que vous pourrez dire à cela, je déteste le ciel, et cette impression de vertige qui me prend à chaque fois que mes yeux font l’erreur de s’y poser, faisant tourner ma tête si fort qu’il me faut bien souvent me mettre en boule jusqu’à ce que cela passe, ou m'accrocher à quelque chose me semblant assez lourd pour me retenir. Il est terrifiant, ce ciel, et baiser les yeux n’y change rien : je sais qu’il est là, au dessus de moi, et ça m’angoisse au plus haut point. Je veux un plafond. Plusieurs, même…

Le fait d’avoir des tonnes de bétons au dessus de moi est quelque chose de bien plus rassurant que tout ces espaces libres, aussi. Je ne suis pas habituée aux rues, mais plus aux longs couloirs enchevêtré du Maze. Mettons cela sur le fait que je n’ai jamais quitté la maison avant mes sept ans, mais je ne suis pas à l’aise si je n’ai pas quatre mur autour de moi. Je préfères les espaces étriqués, ceux couvert de ciment, à l’odeur humide et renfermé, le tout alimenté par la lumière artificielle des néons et non celle brûlante et éclatante du soleil qui me vrille les yeux malgré les lunettes de soleil placés devant ces derniers et la casquette - orange à pois menthe à l’eau - sur ma tête. Plusieurs fois j’ai hésité à rentrer dans le premier bâtiment que je voyais, mais je dois avancer. Le Gotham Globe n’est plus si loin…

Ensuite ? Oh, eh bien à la lumière et les odeurs de la ville, rajoutons le bruit, vrillant, assommant. Je suis habituée au son de l’électricité qui parcours les murs, des prises qui chantonnent, aux machines qui ronronnent paisiblement et au bruit de mes pas sur le béton toujours un brin humide de la maison… Mais ici… Rah.
La multitude d’informations qui fourmilles me laissent abasourdie, une migraine tenace me prenant le crane depuis bien une heure, alors que la quantité de choses à traiter est submergeante. J’ai beau regarder le sol pour essayer de m’en préserver, mes yeux finissent toujours par fauter, quand ce n’est pas le sol qui est trop riche en lui-même. Foutue curiosité. Ce monde me terrifie et me fascine tout à la fois, j'ai tellement envie de le comprendre, de le décortiquer, et en même temps, il me fait si mal... C’est compliqué à expliquer et de toute façon, vous ne comprendriez pas.

J’envie les Communs à ces instants, ceux qui n’ont pas besoin de gérer tout cela, qui les ignore naturellement, leur piètres cerveaux ne leur permettant pas de lire ni d’analyser tout, alors pour les préserver, leur inhibition latente fait le job. Voilà mon fléau : je ne peux rien ignorer, rien n’est négligeable pour mon esprit, et aucune information, de la tache de glace sur la joue de l’enfant qui passe à mes cotés, à l’arme caché dans la veste du l’homme qui lui tient la main, ne semble plus importante qu’une autre. Quand vous mettez le bruit d’une aile de mouche au même niveau que celle d’une voiture qui dérape au coin de la rue, il y a de quoi être débordée, oui...
Je ne sais ni comment trier les informations, ni comment m’en préserver. C’est infernal, et la douleur ne peut que croître, rendant le temps encore plus précieux : dans quelques heures, je ne serai probablement plus en état de réfléchir, ni de bouger. Cela aussi, ça me terrifie, mais que pourrais-je bien y faire ? Je subis le monde plus qu'autre chose, en vérité...

Oh, j’allais oublier la cerise sur le gâteau : les maladies. Quand on vit toute sa vie cloîtrée, il faut s’attendre à quelques répercutions niveau défense immunitaire. A chaque fois que je sors, je reviens toujours avec quelque chose qui me mettra mal quelques semaines durant. Je n’y coupe jamais. Certains penserons que c’est une bonne chose bien sûr, que c’est un moyen comme un autre de se fortifier, mais vue mon état de santé désastreux - mercie ma - il y a toujours un pourcentage de chance assez important que j’y reste, sinon ce ne serait pas drôle. Même à cause d’un simple rhume, mon pronostic vital pourrait se retrouver compromis. Les joies du Maze et d’une mère peu porté sur mes intérêts personnels…

Oui, en somme, on peut en effet dire que la sortie d’aujourd’hui n’est pas sans risque, pour autant, je n’ai pas grand regret à l’avoir fait, quand bien même j’arrive dans un triste état, essoufflée et au bord de la crise de panique, au Gotham Globe. J’en passe la porte avec une vague de soulagement : même si le bruit ne désemplie pas, au contraire, au moins je n’ai plus de ciels au dessus de la tête et des milliers d’étages pour me rassurer. C’est un mieux. Insuffisant, mais un mieux quand même…

Replaçant correctement le masque de chat/chirurgical qui couvre mon visage, et après avoir enlevé mes lunettes de soleil, je plisse les yeux, ayant du mal avec la surdose d’éclairage des lieux. Pourtant je garde la face, ne voulant pas laisser deviner que les lieux m’intimident. C’est immense, le hall à lui tout seul fait douze virgule cinquante-cinq fois la taille de ma maison. Je n’aime pas ça… Je veux rentrer chez moi. Je veux retourner à l'abris...

Soupirant lourdement, je vais m’asseoir sur une des banquettes de l’entrée, attendant que l’hôtesse d’accueil en finisse avec son appel téléphonique pour avoir son attention. En attendant, je trouve l’instant bien choisi pour reprendre des forces, aussi je sors de mon sac licorne quelques sablés au chocolat que je mange lentement, prenant le temps d’apprécier le bruit de mastication qui étouffe presque les différentes conversations qui attirent mon attention ici et là. J’aimerais les ignorer, mais j’en suis juste incapable. C’est frustrant.
Deuxième sablés. Je profite de ce temps offert pour revoir mon plan d’attaque, et les différentes phases à venir. En premier lieu, il faut que je passe l’hôtesse d’accueil, et malgré mes préparations, je ne suis certaines qu’à soixante-huit pour cent de la réussite de mon plan. Le facteur "enfant" est hélas bien difficile à prendre en compte, les humains réagissant tous différemment face à ce dernier, souvent de manière décevante, d’ailleurs. A croire que l’idée qu’un enfant puisse les dépasser en tout points, intellectuellement parlant, ne leur plaît pas… Mais ne vous en faites pas, j’apprends vite : je suis presque capable de ressembler à une vraie enfant désormais, parfaitement stupide et joyeuse, si cela me semble necessaire.
Espérons que ce ne sera pas le cas ici, cela me décevrait grandement de la part de madame Vale, mais j'avoue être habituée à la deception, quand on parle des adultes...

Une fois le dernier sablé enfourné, je me lève de la banquette, époussetant mon tutu multicolore pour enlever les miettes de ce dernier, faisant de même pour ma doudoune sans manche rouge pétant. Bien, j’ai l’air présentable. Reprenant mon sac licorne, j’avance vers l’accueil.  « Bonjour ma petite, tu es perdue ? » J’ai du mal à retenir une grimace face au "ma" très infantilisant, mais je prends sur moi. Après tout, je suis une enfant… « J’ai rendez-vous avec Vicky Vale pour quinze heure, madame, au nom de Li Wei Zhang. » Je fais de mon mieux pour garder le ton le plus neutre possible, cachant mon agacement sous un trop plein de neutralité, car j’ai vraiment besoin de paraître un poil crédible... Juste assez pour la faire douter. « Tu as rendez-vous hein ? Adorable… » Elle ne me prend pas au sérieux, c’était à prévoir. Pourtant je garde mon calme, me contentant de la fixer gravement, malgré ma préférence à éviter tout contact visuel: il n'y a rien de plus fourmillant d'informations et distrayant qu'un visage... « En effet. Vous pouvez vérifier dans vos dossiers. » J’ai piraté leurs systèmes ce matin, naturellement, vous devinez bien qu’une enfant n’aurait jamais eu rendez-vous, sinon.
Sans surprise, la femme ne se défait pas de son sourire, mais malgré tout, elle regarde son ordinateur, faisant mine de chercher, avant de perdre un peu son sourire en trouvant le rendez-vous, me rendant soudainement le mien. Dans ta face la cruche! « Vous voyez ? Pouvez-vous prévenir Madame Vale de mon arrivée ? Je vais l’attendre la-bas. » Dis-je en m’éloignant volontairement, faisant en sorte de ne pas lui laisser le temps de me poser plus de questions: ce serait une erreur grossière de ma part.

Je suis plutôt confiante, tout ce que je dois faire c’est rester calme et assurée, si j’arrive à la berner, quand je serai de nouveau assise, elle aura repris son téléphone pour appeler Madame Vale… Si j’ai échoué, alors elle viendra probablement vers moi pour me dire de partir, et il me faudra trouver un autre moyen d’arriver à mes fins, ce qui serait assez frustrant. Moment de vérité.
Je saute sur la banquette ou je m’assoies, les jambes en tailleurs, et j’ose rapidement un regard vers l’hôtesse, qui tient le téléphone dans ses mains, bien que sa mine semble assez incrédule, son regard se détournant bien vite quand elle me voit tourner les yeux vers elle. Je retiens tout juste un soupir de soulagement, alors que mes lèvres frémissent de fierté. Je suis géniale, je sais.
Et dire que je n’ai que neuf ans...

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